14 août 2011

Parlons de...Damien (II)

Ceci n’est pas un enregistrement, c’est Craig Tucker qui vous écrit, celui qui avait interviewé Damien et qui, sous couvert d’anonymat, vous retransmettait ce qui se cachait dans la boîte où j’étais embauché.

Je vais arrêter d’écrire en italique, ce serait bête que vous soyez, pendant tout l’article, obligé d’orienter votre tête. Plusieurs raisons font que je vous dévoile tout (sauf mon vrai nom et prénom), la première est que j’ai été licencié pour faute professionnelle. Ce sera à vous de juger. Si vous voulez des nouvelles de Damien et bien c’est en parti à cause de lui que j’ai été viré puisqu’il est mort et mon entourage professionnel s’est accordé à dire que j’en étais le principal responsable. Sa famille aussi d’ailleurs. Mais j’y reviendrai.

Revenons quelques semaines plus tôt. Mon Boss avait décidé que sa nièce allait pouvoir se mettre dans le bain de l’interview. A mon humble avis, c’était trop tôt. Damien était chiant à comprendre, je ne vois pas comment elle aurait pu le gérer mais passons. Le jour où elle arriva devant sa maison…enfin celle de ses parents, personne ne répondit. Elle n’insista pas beaucoup. Comprenez qu’elle sonna deux fois et rentra chez elle pour faire son rapport « Personne à la maison ». Autant vous dire que le Boss n’avait pas apprécié son attitude. Elle y retourna le lendemain avec l’objectif minimum d’entrer dans la maison par n’importe quel moyen. Damien ne sortait quasi jamais de chez lui alors il avait sûrement décidé de faire son connard et ne pas lui ouvrir. Elle trouva un moyen d’entrer dans la maison cette fois…en brisant une fenêtre avec un marteau. Elle se balada dans toutes les pièces, la salle à manger, cuisine, toilettes puis se dirigea vers sa chambre où elle le trouva, mort. Vous vous demandez tous de quelle façon il a mis fin à ses jours ? La pendaison. Je ne sais pas pourquoi, il ne l’a pas expliqué dans sa lettre d’adieu que voici :

« Voici ton article !
Merci de m’avoir soutenu avec tes remarques. Si je passe à l’acte, ce n’est peut-être pas entièrement de ta faute mais sache que si je ne t’avais pas rencontré, je n’aurai pas sauté le cap ;)
Bonne continuation »

Je pense que ce salopard savait ce qu’il faisait. Sa dernière volonté, c’était de me pourrir la vie. Eh ben il avait réussi.

Le Boss m’avait convoqué et m’avait engueulé comme jamais. Sentant que c’était la fin, je m’étais défendu mais juste pour le jeu. Zoé, encore sous le choc d’avoir découvert le corps – elle m’a autorisé à dire son vrai prénom – ne savait pas trop où se mettre. Elle ne connaissait pas toutes l'affaire. Je pense qu’au début, elle pensait que j’étais responsable. Que ce soit bien clair. Le Boss se foutait de la mort de Damien, c’était les profits qui s’enfuyaient qui le faisait pleurer. C’est sans doute comme ça qu’il a fait lors de l’enterrement.

Par politesse…ou pour faire chier le mort, je m’y étais rendu. Damien m’avait déjà fait virer (le lendemain de la découverte de son corps) alors c’était mon droit de me présenter devant la famille en peine qui me détestait. Je lui rendais la pareille. Je pense qu’il aurait fait pareil. Ses parents m’insultèrent tandis que j’expliquais que ce n’était pas ma faute s’il s’était donné la mort. C’était un suicide, pas un meurtre. Je ne lui avais jamais dit de se suicider. La mère m’avait répondu que je l’avais entraîné dans les ténèbres. Je lui avais répondu : « Et alors ? » J’avais senti que ma réponse ne la satisfaisait pas assez. J’avais alors développé :

« Déjà, c’est complètement naze de dire que je l’ai entraîné dans les ténèbres car quand j’arrivais chez lui, les volets étaient déjà fermés pour la plupart. Ensuite, ce que je lui avais dit, ce n’est pas donné la mort, c’était juste ma façon de penser. Votre fils faisait pareil avec moi. S’il a fait cette lettre où il m’accuse, c’est encore un jeu, il voulait gagner notre petit duel de petite pique. Il est mort maintenant, je ne sais pas si c’est vraiment gagner mais il a réussi effectivement à me pourrir la vie. »

Elle m’avait souri méchamment, elle m’avait fait peur. Elle était contente que son fils ait réussi à me pourrir la vie alors que je l’avais détruite. Ce n’était pas la peine de continuer, elle ne voulait pas comprendre que son fils avait certainement d’autres problèmes que nos deux discussions. Lui faire comprendre ça, ce n’était pas un crime, c’était lui rendre service. Il avait choisi la solution de la fuite, tant pis pour lui…et pour moi.

J’avais remarqué que l’enterrement de Damien ne s’était peut-être pas passé comme il l’aurait souhaité. En discutant avec lui, hors interview, je ne le voyais pas comme quelqu’un qui croyait en un quelconque dieu mais pourtant, il y avait eu une messe d’enterrement. Je m’étais installé au fond de l’église afin de mieux voir les réactions des auditeurs du MC qui débitait les paroles de Jésus et de Dieu. Je ne pense pas qu’il connaissait vraiment Damien…ou alors c’était moi qui l’avais mal jugé. Mon Boss avait réussi à verser des larmes. Il tenait absolument à se dédouaner de ma "bêtise" auprès de la famille et des amis proches de Damien…qui étaient d’ailleurs peu nombreux. Zoé était là aussi. Elle m’avait souri timidement quand elle m’avait vu. Je le lui avais rendu.
Voilà pourquoi vous n’aurez plus de nouvelles de Damien. De toute façon, le monde ne perd pas grand-chose et vous non plus par la même occasion.

Peut-être vous demandez-vous pourquoi j’avais mis sur ce blog mes entretiens avec Damien et mon Boss. La première raison, c’est que c’était mon travail donc que j’avais la propriété sur celui-ci. Si je me faisais choper, je n’aurai pas eu trop de problèmes. Mais c’était surtout pour montrer comment on essayait de faire croire à Damien qu’il allait pouvoir avoir un blog, qu’il était une sorte de V.I.P. C’était surtout une expérience, ce qu’on voulait de lui, c’était ses idées et qu’il nous les transmette lors d’un entretien. Je ne sais pas comment on aurait fait si l’expérience avait duré plus d’un mois. Je ne sais pas vraiment à quoi servaient les données. Peut-être pour jauger différents avis de la population française…c’était pas vraiment gagné avec Damien. Bien sûr, il n’était pas le seul, il y avait une centaine de personnes interviewées. Tout comme Damien, on leur promettait un blog pour qu’il partage leurs avis sur la toile mais qu’il fallait juger leur travail d’abord. Damien a dû être vite remplacé. Évidemment, le but était que rien ne sorte de l’entreprise. Nous sommes embauchés par d’autres sociétés qui demandent plus ou moins les thèmes qu’on doit aborder durant nos entretiens. Manque de bol, je suis tombé sur le dépressif qui se pend dès qu’on lui dit qu’il est nul.

Finalement, j’ai décidé de faire autrement...surtout que je n'ai pas le choix. Avant, je manipulais mon interlocuteur afin de le diriger sur un sujet de conversation. Maintenant, j’essaierai d’interviewer des personnes qui choisiront le sujet principal ou plusieurs durant l'entretien. Je ne ferai que le diriger.

Il ne reste qu'à voir si ça marchera pour moi.



Place au génie maintenant, moi, Damien !
"Mais t'es pas mort ??? Raaah, j'comprends plus rien !"
Bon, ça faisait longtemps que je n'avais pas alimenté le blog. Par flemme le plus souvent...alors voilà, un article qui fait plaisir et qui fait vachement rire dis donc ! Je m'excuse d'ailleurs pour le ton mais ça change au moins.
Un autre post suivra bientôt, très bientôt.

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