Je vais arrêter d’écrire en italique, ce serait bête que vous
soyez, pendant tout l’article, obligé d’orienter votre tête. Plusieurs
raisons font que je vous dévoile tout (sauf mon vrai nom et prénom), la
première est que j’ai été licencié pour faute professionnelle. Ce sera à vous
de juger. Si vous voulez des nouvelles de Damien et bien c’est en parti à cause
de lui que j’ai été viré puisqu’il est mort et mon entourage professionnel s’est
accordé à dire que j’en étais le principal responsable. Sa famille aussi d’ailleurs.
Mais j’y reviendrai.
Revenons quelques semaines plus tôt. Mon Boss avait décidé que
sa nièce allait pouvoir se mettre dans le bain de l’interview. A mon humble
avis, c’était trop tôt. Damien était chiant à comprendre, je ne vois pas comment elle aurait pu le gérer mais passons. Le jour
où elle arriva devant sa maison…enfin celle de ses parents, personne ne
répondit. Elle n’insista pas beaucoup. Comprenez qu’elle sonna deux fois et
rentra chez elle pour faire son rapport « Personne à la maison ».
Autant vous dire que le Boss n’avait pas apprécié son attitude. Elle y retourna
le lendemain avec l’objectif minimum d’entrer dans la maison par n’importe quel
moyen. Damien ne sortait quasi jamais de chez lui alors il avait sûrement
décidé de faire son connard et ne pas lui ouvrir. Elle trouva un moyen d’entrer dans la maison cette
fois…en brisant une fenêtre avec un marteau. Elle se balada dans toutes les
pièces, la salle à manger, cuisine, toilettes puis se dirigea vers sa chambre
où elle le trouva, mort. Vous vous demandez tous de quelle façon il a mis fin à
ses jours ? La pendaison. Je ne sais pas pourquoi, il ne l’a pas expliqué
dans sa lettre d’adieu que voici :
« Voici ton article !
Merci de m’avoir soutenu avec tes remarques. Si je passe à l’acte,
ce n’est peut-être pas entièrement de ta faute mais sache que si je ne t’avais
pas rencontré, je n’aurai pas sauté le cap ;)
Bonne continuation »
Je pense que ce salopard savait ce qu’il faisait. Sa dernière
volonté, c’était de me pourrir la vie. Eh ben il avait réussi.
Le Boss m’avait convoqué et m’avait engueulé comme jamais.
Sentant que c’était la fin, je m’étais défendu mais juste pour le jeu. Zoé,
encore sous le choc d’avoir découvert le corps – elle m’a autorisé à dire son
vrai prénom – ne savait pas trop où se mettre. Elle ne connaissait pas toutes
l'affaire. Je pense qu’au début, elle pensait que j’étais responsable. Que
ce soit bien clair. Le Boss se foutait de la mort de Damien, c’était les
profits qui s’enfuyaient qui le faisait pleurer. C’est sans doute comme ça qu’il
a fait lors de l’enterrement.
Par politesse…ou pour faire chier le mort, je m’y étais
rendu. Damien m’avait déjà fait virer (le lendemain de la découverte de son
corps) alors c’était mon droit de me présenter devant la famille en peine qui
me détestait. Je lui rendais la pareille. Je pense qu’il aurait fait pareil.
Ses parents m’insultèrent tandis que j’expliquais que ce n’était pas ma faute s’il
s’était donné la mort. C’était un suicide, pas un meurtre. Je ne lui avais
jamais dit de se suicider. La mère m’avait répondu que je l’avais entraîné dans
les ténèbres. Je lui avais répondu : « Et alors ? » J’avais
senti que ma réponse ne la satisfaisait pas assez. J’avais alors développé :
« Déjà, c’est complètement naze de dire que je l’ai
entraîné dans les ténèbres car quand j’arrivais chez lui, les volets étaient
déjà fermés pour la plupart. Ensuite, ce que je lui avais dit, ce n’est pas
donné la mort, c’était juste ma façon de penser. Votre fils faisait pareil avec
moi. S’il a fait cette lettre où il m’accuse, c’est encore un jeu, il voulait
gagner notre petit duel de petite pique. Il est mort maintenant, je ne sais pas
si c’est vraiment gagner mais il a réussi effectivement à me pourrir la vie. »
Elle m’avait souri méchamment, elle m’avait fait peur. Elle
était contente que son fils ait réussi à me pourrir la vie alors que je l’avais
détruite. Ce n’était pas la peine de continuer, elle ne voulait pas comprendre
que son fils avait certainement d’autres problèmes que nos deux discussions.
Lui faire comprendre ça, ce n’était pas un crime, c’était lui rendre service.
Il avait choisi la solution de la fuite, tant pis pour lui…et pour moi.
J’avais remarqué que l’enterrement de Damien ne s’était
peut-être pas passé comme il l’aurait souhaité. En discutant avec lui, hors
interview, je ne le voyais pas comme quelqu’un qui croyait en un quelconque
dieu mais pourtant, il y avait eu une messe d’enterrement. Je m’étais installé
au fond de l’église afin de mieux voir les réactions des auditeurs du MC qui
débitait les paroles de Jésus et de Dieu. Je ne pense pas qu’il connaissait
vraiment Damien…ou alors c’était moi qui l’avais mal jugé. Mon Boss avait
réussi à verser des larmes. Il tenait absolument à se dédouaner de ma "bêtise"
auprès de la famille et des amis proches de Damien…qui étaient d’ailleurs peu
nombreux. Zoé était là aussi. Elle m’avait souri timidement quand elle m’avait
vu. Je le lui avais rendu.
Voilà pourquoi vous n’aurez plus de nouvelles de Damien. De
toute façon, le monde ne perd pas grand-chose et vous non plus par la même
occasion.
Peut-être vous demandez-vous pourquoi j’avais mis sur ce blog
mes entretiens avec Damien et mon Boss. La première raison, c’est que c’était
mon travail donc que j’avais la propriété sur celui-ci. Si je me faisais
choper, je n’aurai pas eu trop de problèmes. Mais c’était surtout pour montrer
comment on essayait de faire croire à Damien qu’il allait pouvoir avoir un
blog, qu’il était une sorte de V.I.P. C’était surtout une expérience, ce qu’on
voulait de lui, c’était ses idées et qu’il nous les transmette lors d’un
entretien. Je ne sais pas comment on aurait fait si l’expérience avait duré
plus d’un mois. Je ne sais pas vraiment à quoi servaient les données. Peut-être
pour jauger différents avis de la population française…c’était pas vraiment
gagné avec Damien. Bien sûr, il n’était pas le seul, il y avait une centaine de
personnes interviewées. Tout comme Damien, on leur promettait un blog pour qu’il
partage leurs avis sur la toile mais qu’il fallait juger leur travail d’abord.
Damien a dû être vite remplacé. Évidemment, le but était que rien ne sorte de l’entreprise.
Nous sommes embauchés par d’autres sociétés qui demandent plus ou moins les
thèmes qu’on doit aborder durant nos entretiens. Manque de bol, je suis tombé
sur le dépressif qui se pend dès qu’on lui dit qu’il est nul.
Finalement, j’ai décidé de faire autrement...surtout que je n'ai pas le choix. Avant, je manipulais mon
interlocuteur afin de le diriger sur un sujet de conversation. Maintenant, j’essaierai
d’interviewer des personnes qui choisiront le sujet principal ou
plusieurs durant l'entretien. Je ne ferai que le diriger.
Il ne reste qu'à voir si ça marchera pour moi.
Place au génie maintenant, moi, Damien !
"Mais t'es pas mort ??? Raaah, j'comprends plus rien !"
Bon, ça faisait longtemps que je n'avais pas alimenté le blog. Par flemme le plus souvent...alors voilà, un article qui fait plaisir et qui fait vachement rire dis donc ! Je m'excuse d'ailleurs pour le ton mais ça change au moins.
Un autre post suivra bientôt, très bientôt.
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